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philippelenoir-popculture.com

Journaliste professionnel, je propose ici de partager avec vous mes coups de coeur, mes avis et ma passion pour la culture populaire sous toutes ses formes.

John Lennon, sa seconde vie de pop star en exil à New York

John Lennon, sa seconde vie de pop star en exil à New York

Le 8 décembre 1980, en fin de soirée, un jeune homme détraqué, chasseur d'autographes, tue de plusieurs balles de revolver John Lennon alors que celui-ci rentre chez lui avec Yoko Ono après une séance d'enregistrement. Le drame se déroule au pied du Dakota Building au cœur de Manhattan à New York. Il fait un froid glacial. Quarante ans plus tard, on reste sidéré par l'assassinat d'un artiste qui révolutionna la pop music avec les Beatles pendant une décennie. A l'époque, des millions de fans à travers le monde, au delà de leur chagrin immense face à la perte d'un musicien exceptionnel, comprennent que leur mince espoir de voir le retour des Fab Four s'est évanoui à jamais. Depuis l'annonce officielle de la fin des Beatles en 1970, les rumeurs les plus folles ont circulé sur une possible reconstitution du groupe. Même si John Lennon fut le plus virulent détracteur des Beatles, surtout dans les premières années où il dira les pires insanités sur Paul McCartney dans diverses interviews et même dans une chanson. Mais on sait que les deux hommes s'étaient réconciliés au mitan des seventies jusqu'à envisager de surgir à l'improviste dans un show télévisé américain diffusé en direct qui leur offrait quelques centaines de dollars pour les voir ensemble. Mais conscients du séisme provoqué par une telle apparition, les deux ex-Beatles ont préféré rester devant leur télévision.

La réconciliation avec Paul McCartney

Mais toux ceux qui ont eu la chance de voir Lennon et McCartney ensemble à cette époque, ont été surpris de constater à quel point tous deux étaient fusionnels comme au premier jour dès qu'ils parlaient musique. Néanmoins, Paul McCartney, le plus inconsolable de la fin des Beatles, n'obtiendra jamais l'espoir réel d'une possible collaboration avec son alter-ego. Pourtant, en cette année 80, il semblait évident que John Lennon était dans une nouvelle disposition d'esprit, lui qui venait de sortir Double Fantasy, son premier disque après cinq ans de silence complet. Avec un premier single justement intitulé (Just Like) Starting Over, qui symbolisait pour lui l'envie de renaître à à la musique après une décennie inégale sur le plan artistique. Selon de nombreux témoignages, alors qu'il se passionnait depuis peu pour la plaisance, c'est lors d'une croisière vers les Bermudes en 1979 qu'il décida de se remettre à la musique, piqué au vif par la carrière solo de Paul McCartney qui, vaille que vaille, continuait de proposer de nouvelles chansons. Bref, après une décennie de rupture avec tout ce que représentait les Beatles, John Lennon semblait prêt à affronter les années 80 dans de nouvelles dispositions, enfin apaisé par les tourments de son égo qui lui fit lâcher le destin du groupe qui inventa la pop music.

La rencontre avec Yoko Ono

Pourtant à la fin des années soixante, l'après Beatles est plutôt bien appréhendé par John Lennon qui a fait la rencontre de Yoko Ono, une artiste japonaise d'avant-garde qui va lui ouvrir de nouveaux horizons. Il est toujours de bon ton de vouer Yoko Ono aux gémonies, accusée d'avoir sabordé le groupe de Liverpool. Mais il est indéniable qu'il s'agit, pour l'un comme pour l'autre, d'une singulière histoire d'amour, plutôt rare dans l'histoire du rock business. Elle est bien la femme de la rupture pour Lennon qui va, avec elle, s'ouvrir aux mouvements pacifistes, féministes et sociaux qui bouleversent les années 70. Sur le plan musical, même s'il participe aux délires conceptuels de son égérie, John Lennon aligne également des chansons parmi ses meilleures comme Working Class Hero, Jealous Guy, Instant Karma et l'emblématique Imagine. Avec son groupe, le Plastic Ono Band, il goûte de nouveau à la scène qu'il transforme en tribune politique contre la guerre du Vietnam. Si son discours pacifique comme ses happenings au lit avec Yoko Ono, témoigne d'une culture politique assez naïve, voire rudimentaire, John Lennon devient une cible de l'administration Nixon qui voit en lui un élément dangereux pour la stabilité des USA. Pop star richissime, il se voit refuser sa carte de résident américain, ce qui l'engage dans une longue procédure judiciaire pour éviter une expulsion qui le menace à chaque instant.

"Le Week-End Perdu"

Car John Lennon a décidé de quitter l'Angleterre à jamais pour s'installer définitivement à New York, tout d'abord dans le quartier bohème de Greenwich Village avant d'opter pour le Dakota Building, immeuble néo-gothique qui longe Central Park, refuge chic des stars d'Hollywood. D'ailleurs le couple Lennon loue tout d'abord son appartement à l'acteur Robert Ryan avant de l'acquérir après son décès. En 1972, alors qu'il s'était engagé dans la campagne du candidat démocrate George McGovern, John Lennon vit très mal la réélection de Richard Nixon au point de déprimer dans l'alcool et la drogue comme de tromper Yoko Ono quasiment devant elle. De plus sa production discographique faiblit inexorablement, même s'il est encore capable de pondre un titre comme Mind Games, l'un des sommet de sa collaboration avec son producteur Phil Spector. Mais le pire est à venir quand il est mis à la porte par Yoko Ono qui lui conseille de partir vivre à Los Angeles avec sa maîtresse May Pang. Pendant cette parenthèse d'un an qu'il renommera son Week-end Perdu, il plonge dans une vie dissolue sous les palmiers d'Hollywood où il enregistre Walls and Bridges, un disque sans relief qui se classe néanmoins numéro 1 au Billboard. Dans le même temps, il sympathise avec David Bowie avec qui il cosigne le tube Fame et se prend d'amitié pour Elton John qui le fascine autant pour son excentricité que son talent de mélodiste.

Père au foyer pendant 5 ans

Au point d'accepter de monter sur scène lors d'un concert d'Elton John le 28 novembre 1974 au Madison Square Garden. Une prestation historique car ce sera la dernière fois qu'on verra John Lennon chanter en live sur scène. Mais c'est également son retour définitif à New York et ses retrouvailles avec Yoko Ono dans les coulisses du Madison Square Garden. Comme il le racontera plus tard, au premier regard échangé, le couple renoue les fils d'une passion ardente. Même si John Lennon enregistre encore en 1975, pour d'obscures raisons de plagiat, un disque de reprises de standards du rock, il abandonne son statut de pop star pour celui de papa poule à la naissance de Sean, l'enfant qu'il a tenu à faire avec Yoko Ono. Lui qui fut un mauvais mari avec sa première femme Cynthia et un père absent pour son fils aîné Julian, veut renouer avec ce qu'il pense être l'essentiel de la vie d'un homme. Dans le même temps, il obtient enfin sa carte de résident aux États-Unis, lui qui n'avait eu jusqu'alors qu'un statut de touriste au pays de l'Oncle Sam. S'ouvre alors la période la plus secrète de la vie de John Lennon qui pendant cinq ans, se retire de la vie publique pour devenir officiellement père au foyer jusqu'à laisser son épouse gérer ses droits et sa fortune. Officieusement, cette parenthèse présentée comme idyllique, aurait été ponctuée par les crises dépressives de John Lennon soumis à un rude sevrage pour combattre ses nombreuses addictions. En tout cas, la musique est quasiment absente de son quotidien, même la radio où il se branche sur une station qui ne programme que des vieux tubes.

La renaissance Double Fantasy

Le punk qui révolutionne l'Angleterre et le disco qui fait vibrer New York lui sont totalement étrangers. Néanmoins, c'est bien un artiste ayant retrouvé la plénitude de son talent comme de sa joie de vivre, qui réalise son come-back à la surprise générale en 1980 avec cet album Double Fantasy. Selon toute évidence, John Lennon a pris un plaisir fou à renouer enfin avec la musique, ce qui se ressent à l'écoute d'un disque serein et léger qui connaîtra, par la mort du chanteur, un destin en deux temps. Tout d'abord un accueil mitigé lié d'évidence au fait qu'une chanson sur deux est interprétée par Yoko Ono toujours détestée par les fans de l'ex-Beatle. Mais bien évidemment, le disque sera à titre posthume un triomphe planétaire porté par Woman, une chanson féministe et solaire qui sera numéro 1 dans le monde entier. Et puis, en ce fatal 8 décembre, le sort en sera jeté en plein cœur de ce New York où il se plaisait tant et dont il est devenu, malgré lui, un symbole. Encore aujourd'hui, les touristes sont nombreux à rôder devant l'entrée du Dakota Building pour y déposer une fleur. Et encore plus à se recueillir au mémorial construit en sa mémoire par Yoko Ono dans Central Park, une rosace en mosaïque avec en son cœur inscrit Imagine. Cruelle invitation en ce qui concerne John Lennon dont il est impossible de concevoir ce qu'il avait encore à offrir au monde avec ou sans les Beatles. Mais ce qu'il a donné pendant ses vingt ans de carrière, peut largement nous tenir au chaud une existence entière.

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