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philippelenoir-popculture.com

Journaliste professionnel, je propose ici de partager avec vous mes coups de coeur, mes avis et ma passion pour la culture populaire sous toutes ses formes.

Toy Story, la saga des jouets qui ne croient pas au Père Noël

Toy Story, la saga des jouets qui ne croient pas au Père Noël

Toy Story, première franchise du studio Pixar, revient pour triompher sur la saison estivale des blockbusters. Car la saga des jouets en quête d'amour des enfants, a révolutionné le dessin animé pour le transformer en film d'animation. A l'échelle de Hollywood, l'animation, avant Toy Story, était la chasse gardée quasi-exclusive de Disney. La firme réputée à juste titre conservatrice, perpétuait un classicisme du dessin animé illustrant des contes de la littérature enfantine. Des films qui avaient donné quelques vrais chefs d’œuvre depuis l'historique Blanche-Neige, mais dont l'esprit s'était essoufflé au fil des décennies.

Un concept intellectuel

Toy Story a donc déboulé sur un marché sinistré, tout d'abord en proposant un film à la technologie révolutionnaire, l'image de synthèse créée d'un ordinateur donnant une profondeur de champ nouvelle à des personnages qui offrent l'illusion d'une troisième dimension. Mais bien plus qu'un apport moderne de l'image, Toy Story est un concept intellectuel, né d'un scénario original écrit par un véritable auteur, John Lasseter. Car c'est bien en terme d'écriture que Pixar va donner à son premier film d'animation toute sa noblesse artistique. Et en faire, contre toute attente, une arme commerciale redoutable qui se déclinera ensuite en une ribambelle de films dont les meilleurs sont des œuvres majeures du 7e Art (Wall-E, Là-haut, Vice-versa....)

Notre condition humaine

Car si Toy Story possède les caractéristiques d'un film destiné aux enfants, sa véritable cible est de conquérir les adultes. Pour les enfants, des gags et des répliques de cartoons et pour les adultes, un scénario métaphysique qui met en scène des jouets pour mieux évoquer notre condition humaine. Du coup, les enfants rient aux aventures de la bande de jouets tandis que les parents pleurent sur le sort de Woody et de tous ses amis. On a, à juste titre, souligné la mélancolie et la nostalgie que véhicule la saga Toy Story. Mais, au delà de la tristesse, c'est bien la noirceur misanthrope de Toy Story qui en fait un chef d’œuvre de cinéma.

Le bonheur dans sa condition modeste

Et ce n'est pas un hasard si Buzz l’Éclair est le personnage le plus populaire de Toy Story, bien plus que le cow-boy Woody, le vrai héros. Dans le premier épisode, Buzz croit vraiment qu'il est un ranger de l'espace et refuse de reconnaître qu'il n'est qu'un jouet en plastique reproduit à l'infini et au-delà dans une usine. Ce qui le rend heureux, c'est d'être un ranger courageux et fier de sauver les autres avec bravoure. Dans la doxa hollywoodienne, un tel personnage serait conforté dans sa croyance alors que c'est l'inverse qui va se dérouler. Woody va lui faire comprendre que le vrai bonheur est dans sa condition modeste de jouet qui finira oublié dans un coffre. Tous les jouets malheureux dans Toy Story sont ceux qui refusent d'en être. La métaphore est cruelle, mais c'est ce qui fait le charme de Pixar qui ne prend jamais ses spectateurs pour des benêts.

Le plaisir d'un jouet est d'être inanimé

Le grand message de Toy Story, c'est de ne pas croire au Père Noël au risque d'être malheureux toute sa vie. Les jouets trouvent leur bonheur dans le fait d'être inanimés ,sans émotion, le sourire figé quand leur propriétaire jette son dévolu sur eux. Le bonheur dans la soumission et l'oubli plus que dans la rébellion et la liberté, voilà bien la leçon que Toy Story nous enseigne à l'encontre de tous ce que Hollywood tente de faire croire au monde avec ses super-héros manufacturés toujours prêts à sauver le monde pour quelques instants de gloire et d'éternité. Ce n'est pas très gai ? Mais c'est bien pour ça que des millions de gens pleurent devant Toy Story depuis un quart de siècle. Et qu'ils aiment ça...

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