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philippelenoir-popculture.com

Journaliste professionnel, je propose ici de partager avec vous mes coups de coeur, mes avis et ma passion pour la culture populaire sous toutes ses formes.

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

La cinémathèque française rend hommage à Nicholas Ray, cinéaste du romantisme tragique qui réalisa une carrière chaotique au sein des studios de Hollywood. Surtout connu pour avoir édifié le mythe de James Dean dans La fureur de vivre, le cinéaste signa une œuvre, certes inégale, mais marquée par quelques films somptueux où se révèle des personnages tourmentés, gagnés par l'amertume d'amours brisées et de passions désenchantées. Le cinéaste rongé par l'alcool, la drogue et la maladie, s'est forgé une réputation d'artiste fragile et maudit qui a contribué à fortifier son mythe au fil du temps. Restent quelques films inoubliables qui ont marqué les cinéphiles du monde entier. Voici nos cinq incontournables de Nicholas Ray.

http://philippelenoir-popculture.com/2019/11/james-dean-ressuscite-en-images-de-synthese-permet-de-perpetuer-l-un-des-mythes-fondateurs-de-la-pop-culture.html

Nicholas Ray 1911-1979

Nicholas Ray 1911-1979

Les amants de la nuit 1949

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

C'est le premier grand film de Nicholas Ray, une série noire intense et bouleversante où l'on suit le cheminement d'un couple d'amoureux à peine sortis de l'adolescence confronté à la violence des adultes. Comme souvent dans son cinéma, Nicholas Ray s'inspire de la tragédie classique qui installe ses héros dans un cheminement tracé vers leur perte inéluctable. C'est écrit dans le texte qui ouvre le film : « Ce garçon et cette fille n'ont jamais été préparés à vivre dans le monde qui est le nôtre. ». Porté par deux acteurs au charme angélique, Farley Granger et Cathy O'Donnell, le film s'avère follement romantique, sombre et cruel. Le jeune homme commet des hold-up pour entretenir l'illusion de son amour, mais cette violence va finir par avoir raison de lui. Sous prétexte d'une romance à la Bonnie & Clyde, Nicholas Ray met en scène ce qui va le poursuivre toute sa vie : comment accéder à la plénitude de l'existence sans trahir son idéal. Le film préfigure déjà La fureur de vivre, par ce portrait de jeunes gens en plein désarroi existentiel dans une société matérialiste qui leur commande de rentrer dans le rang. L'un des films préférés de Quentin Tarantino et dont Jean-Luc Godard s'est inspiré pour A bout de souffle.

Le violent 1950

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

L'un des films les plus personnels de Nicholas Ray, sorte d'autoportrait qui, sous prétexte d'une intrigue policière, raconte les pulsions de colère d'un homme tourmenté qui se sent rejeté, isolé et incompris. Son héros, porté de manière magistrale par Humphrey Bogart, est scénariste de cinéma, ce qui renforce l'aspect autobiographique du film qui décrit un univers hollywoodien qui marginalise ses véritables artistes pour privilégier le profit. Pour exacerber ce film-miroir, Ray engage Gloria Grahame qu'il avait épousé car elle était enceinte, mais dont il divorcera pendant le tournage. Ce film d'un pessimisme fou, décrit un homme séducteur et talentueux capable de donner le meilleur de lui-même dans son art, ses relations sociales et amoureuses, mais dont les penchants autodestructeurs finissent toujours par rattraper, l'entraînant dans une déchéance irrémédiable. Un joyau du film noir prémonitoire de la destinée de Nicholas Ray qui offre à Bogart l'un de ses rôles les plus forts, ce qui n'est pas peu dire pour un acteur de sa dimension.

Johnny Guitare 1954

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

Un mélodrame flamboyant à peine déguisé en western, Johnny Guitare est un film qui fait toujours l'objet d'un véritable culte auprès des admirateurs de Nicholas Ray parmi lesquels Martin Scorsese ou François Truffaut. Dans des couleurs saturées par le Technicolor qui rappelle le baroque de Duel au soleil de King Vidor, ce western bouleverse les codes puisque les femmes font le coup de feu tandis que le héros porte une guitare en bandoulière. Au delà de l'intrigue traditionnelle qui oppose deux clans menés par Joan Crawford et Mercedes McCambridge, on retient du film son lyrisme échevelé et son romantisme exacerbé. Les retrouvailles des anciens amants sont fascinantes, car décrites avec une amertume des passions destructrices. Joan Crawford et Sterling Hayden se montrent prodigieux dans leur manière de montrer que leur amour éteint est en passe de se raviver dès que leurs regards se croisent. Un western réalisé comme un poème d'amour qui frôle avec l'exagération romanesque tout en conservant une subtilité incisive sur les soubresauts des sentiments.

La fureur de vivre 1955

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

C'est évidemment le film le plus célèbre de Nicholas Ray, celui qui édifie le mythe de James Dean. De toute évidence, le cinéaste a projeté dans son jeune héros ses propres tourments, déjà explorés dans sa filmographie. D'ailleurs, le titre américain du film, Rebel without a cause, résume à la perfection l'oeuvre du cinéaste. Dès le générique, on voit James Dean s'écrouler sur le bitume devant un jouet avec lequel il s'amuse tandis qu'une sirène de police retentit au loin. Comment renoncer à ses rêves d'enfant, à ses idéaux de jeune homme pour devenir le citoyen discipliné d'une société qui n'a à offrir que de petits plaisirs matériels dont se contentent ses parents ? En se confrontant aux excès de l'alcool, de la violence, de la vitesse et en tentant de trouver un amour aussi vaste que la voûte céleste du planétarium de l'université. James Dean est vraiment prodigieux ex exploitant à merveille son allure d'adulte encore hanté par l'enfance. L'acteur meurt quelques semaines avant la sortie du film dans un accident de voiture, ce qui fera de La fureur de vivre une œuvre légendaire assimilée à James Dean. Alors que c'est encore plus un film d'auteur qui révèle la nature tourmentée de Nicholas Ray.

Traquenard 1958

Nicholas Ray, cinéaste hollywoodien du tragique flamboyant à la cinémathèque. Nos films préférés : Les amants de la nuit ; Le violent ; Johnny Guitare ; La fureur de vivre ; Traquenard.

Le denier grand film de Nicholas Ray dans le giron des studios de Hollywood, une œuvre somptueuse d'un raffinement et d'une élégance incomparables qui mixe deux genres typiques du cinéma américain: la comédie musicale et le film de gangsters. Surtout, il met en scène un couple assez inattendu, mais vraiment magnétique, celui d'une danseuse de cabaret interprété par la gracieuse Cyd Charisse et un avocat de la pègre boiteux joué par le ténébreux Robert Taylor. C'est un film qui ne parle que de corruption, de prostitution, de trahison et de délation pour ces deux êtres meurtris par la vie, mais sur un ton plus optimiste qui rappelle en creux le dénouement de Johnny Guitare. Seul l'amour qu'ils se portent est capable de sauver ces deux êtres qui se savent au mitan de leur existence. Comme toujours chez Nicholas Ray, les personnages possèdent un désenchantement tenace, hanté par les fantômes du passé, mais qui les conduira vers la lumière. Au delà de son histoire, Traquenard démontre aussi la maîtrise esthétique de son auteur, capable de mettre en scène des numéros de danse chatoyants et de fulgurantes fusillades.

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