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philippelenoir-popculture.com

Journaliste professionnel, je propose ici de partager avec vous mes coups de coeur, mes avis et ma passion pour la culture populaire sous toutes ses formes.

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Pour les quarante ans de sa disparition, John Wayne revient à la une de l'actualité par le biais d'une polémique liée à une interview que l'acteur donna en 1971 dans Playboy. Le cow-boy de Hollywood a toujours été un conservateur, on peut même dire un réactionnaire, et toutes ses prises de positions politiques en ont donné la preuve. L'affaire a démarré quand l'Université de Californie du Sud a mis en place une exposition célébrant les 40 ans de la disparition de l'acteur qui fut élève de cette université. Une exposition rétrospective de la carrière du Duke qui, n'en déplaise à chacun, a tourné une bonne dizaine de chef d’œuvres du cinéma mondial. Alors, dans cette fameuse interview, John Wayne fait, en effet, preuve d'un racisme évident quand il évoque qu'on ne peut pas donner le pouvoir aux Afro-Américains tant qu'ils ne sont pas assez instruits ou qu'ils justifient le massacre des Amérindiens qui refusaient de cohabiter avec les colons. Cet entretien oublié mérite d'être condamné, mais en rappelant qu'elle est le fait d'un acteur qui, dans toute son œuvre, a plutôt défendu des causes humanistes au service de grands réalisateurs. Même la haine viscérale d'Ethan Edwards contre les Indiens dans La Prisonnière du Désert de John Ford, n'apporte aucune caution au racisme, bien au contraire. Son seul faux pas fut la réalisation des Bérets Verts, film va-t-en-guerre sur le Vietnam qui fut, à juste titre, démoli par la critique. Surtout, à notre connaissance, c'est la seule interview où John Wayne dérape ainsi. Mais en ces temps de repentance, s'en prendre à un artiste sur la foi d'un article de 1971, paraît un procédé facile, surtout que John Wayne n'a, à notre connaissance, jamais tué un Indien ou lynché un militant du Black Power. Il s'agit, selon nous, des élucubrations d'une star vieillissante, d'un homme dépassé par les révolutions de la contre-culture des années 60/70. Certains étudiant demandent de débaptiser l'aéroport d'Orange County qui porte le nom de l'acteur. On leur dira qu'ils feraient mieux de réclamer le changement de nom de la capitale fédérale, car George Washington, Père Fondateur de l'Amérique, était non seulement un suprémaciste blanc, mais un esclavagiste fortuné qui a plus de sang sur les mains que notre cow-boy réac de Hollywood. Sans vouloir excuser ses propos, voici, selon nous, en cinq westerns pourquoi John Wayne fut un immense acteur au service d'un cinéma généreux et poétique.

http://philippelenoir-popculture.com/2019/06/john-wayne-monumental-dans-la-prisonniere-du-desert.html

La charge héroïque John Ford 1949

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Un chef d'oeuvre absolu, une merveille de sensibilité dans lequel John Wayne trouve peut-être son plus grand rôle. Le titre anglais, She wore a yellow ribbon est bien plus évocateur et nostalgique en rappelant la tradition militaire qui voulait que les jeunes femmes portent un ruban jaune pour témoigner de leur amour pour un soldat. Ce n'est pas le cas de Nathan Brittles joué par JohnWayne, un officier veuf qui doit partir à la retraite. Le vieux soldat, perdu au milieu des amours de ses cavaliers, va tirer sa révérence sur une dernière mission. Mais ce sont les scènes intimes qui nous font chavirer, comme celle ou Nathan Brittles, au crépuscule, parle à sa femme enterrée dans le fort ou quand il met ses lunettes pour lire le message gravé sur la montre que lui offrent ses soldats. John Wayne nous tire les larmes par la justesse de son interprétation. Un must à voir et à revoir.

La prisonnière du désert John Ford 1956

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Un western monumental classé dans les dix plus grands films de tous les temps qui offre à chaque vision de nouvelles sensations. John Wayne y trouve son rôle le plus mémorable, celui de Ethan Edwards, un homme solitaire, névrosé et raciste, qui va traquer pendant des années les Indiens qui ont capturé sa nièce. Assoiffé de vengeance pour ceux qui ont tué sa belle-soeur, l'amour de sa vie, sa quête tourne quasiment à la folie, n'acceptant pas que sa nièce puisse s'avilir sexuellement avec un Indien. John Wayne est captivant jusqu'au dénouement final, car sa haine destructrice semble sans limites. Le film d'une beauté spectaculaire s'ouvre et se ferme sur l'embrasure d'une porte qui évoque un amour impossible. Pour Steven Spielberg et Martin Scorsese, c'est l'ouverture et la fermeture de porte la plus évocatrice du 7e Art. On valide.

 

Rio Bravo Howard Hawks 1959

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Un western que l'on pourrait qualifier de conventionnel si l'on s'en tient à son intrigue principale, celle d'un chef de gang emprisonné que ses hommes de main veulent délivrer. Mais ce qui passionne Hawks, ce sont ceux qui le surveillent dont l'amitié et la solidarité vont faire des merveilles. A leur tête, John Wayne, colosse maladroit plus doué pour l'amitié que pour l'amour, Dean Martin, un alcoolique tourmenté, Walter Brennan, un vieillard capricieux et Ricky Nelson, un jeune gunfighter énervé. Ce quatuor masculin improbable, auquel s'ajoute Angie Dickinson, tenancière de bar qui n'a pas froid aux yeux, noue des relations si généreuses, si tendres, si chaleureuses que le spectateur est sans cesse captivé par leur survie. Chaque personnage a droit à sa part d'humanité dans un regard, dans un sourire, un geste de la main... La solitude de chacun finit dans cette prison, par donner l'idée d'une famille prête à se transcender pour un idéal de justice. John Wayne en shérif humaniste et droit, qui se délite devant la beauté d'Angie Dickinson, est épatant.

Alamo John Wayne 1960

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Pour sa première réalisation John Wayne a plutôt bien assimilé les leçons de ses maîtres. Le film qui raconte la bataille des Texans contre l'occupant mexicain à Fort-Alamo, possède l'ampleur épique des grands films de guerre hollywoodien. Pour l'anecdote, John Ford qui débarqua sur le tournage pour donner ses directives à son acteur fétiche, fut par l'intéressé, envoyé loin pour diriger des scènes de seconde zone. Si le film serait assez anachronique par rapport à la réalité, il n'empêche qu'il possède la force des classiques du genre, mêlant le spectaculaire et l'intime, le drame et la comédie... John Wayne, en Davy Crockett revenu amer de sa carrière politique à Washington,trouve un rôle tout en nuances. Un héros vieillissant qui sait qu'il livre sa dernière bataille afin de mourir en héros au champ d'honneur. Le réalisateur dresse également une série de portraits affectueux des combattants texans afin de donner un sens humain à leur engagement. Remarquable d'un bout à l'autre.

L'homme qui tua Liberty Valance John Ford 1962

John Wayne boycotté par des étudiants américains pour des propos sur le suprémacisme blanc.Le géant de Hollywood mérite mieux en cinq westerns de légende : La charge héroïque ; La prisonnière du désert ; Rio bravo ; Alamo ; L'homme qui tua Liberty Valance.

Un film politique déguisé en western dont la phrase finale est devenue mythique : « quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende. » Tout est dit de la fin du Far-West laissé aux politiciens, aux journalistes, aux avocats... Dans cet abandon du mythe de l'Ouest, Tom Doniphon incarné par John Wayne, en est le symbole. Rarement l'acteur avait joué un si beautiful looser avec tant d'intensité La plus belle scène est sans doute celle où il comprend qu'il est abandonné par la femme qu'il aime. Wayne en peu de gestes, laisse à voir la détresse de l'amoureux éconduit. Avec une classe incroyable, il laisse toute la lumière à James Stewart qui sera celui qui tua Liberty Valance pour l'Histoire. Le vrai tueur restera dans l'ombre pour toujours, abandonné et solitaire. Encore une fois, John Wayne possède une intelligence du jeu qui en fait, selon nous, un acteur de haute volée.

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